Image Les mains chaudes

Les mains chaudes

 

Création 2018, d'après :

Les chemins marchent plus vite que les écoliers

- Renaud BORDERIE

 Mise en scène : Hélène ARNAUD

Projet ayant pour sujet la maladie d’Alzheimer,  impulsé par l’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine, co-piloté par le Pôle Culture & Santé Nouvelle-Aquitaine et l’Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine. Trois compagnies (Crypsum, Zavstra et l’Esquif) ont été regroupées pour créer trois formes qui questionnent la manière dont collectivement nous portons attention à la différence.




L'équipe s'évertue ici à restituer plus qu'à incarner. La troupe explore les troubles, les élans, les failles, les irruptions. Comment parler de ces êtres particuliers, et de ce qui chez eux vacille, de ce qui s’efface, de ce qui s’échappe ? Comment donner corps à ces présences, ces regards, ces gestes, qui nous livrent, souvent avec poésie, une part précieuse de notre passé, de ce que nous sommes? Il s'agit pour l'Esquif de suggérer, à travers différents types de situations, concrètes ou symboliques, parlées ou chorégraphiées, les rapports qui s’entretiennent avec des êtres qui ont perdu quelque chose, mais dont la présence demeure, forte et évocatrice.



Diffusion

Durée :

45 minutes

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Artistes

Interprètes :

Julien PÉRIGNON

Fabien CASSEAU

Sylvie PETEILH

 

Musique :

Corentin MICHAT

Production

Le Théâtre de l'Esquif

 

Co-production :

  • Pôle Culture & Santé Nouvelle Aquitaine
  • Office Artistique Région Nouvelle-Aquitaine
  • l'Agence Régionale de la Santé
  • Région Nouvelle-Aquitaine

Note d'intention d'Hélène ARNAUD


Alors que j’écris cette note, nous venons de finaliser la structure dramaturgique de ce que sera notre spectacle autour d’Alzheimer. Que de chemins parcourus pour parvenir à trouver un propos qui nous paraît juste! Le théâtre est pour moi le catalyseur nécessaire à la formulation de mes interrogations sur notre monde. Elles sont récurrentes, et d’une certaine manière obsessionnelles chez moi: Qui sommes-nous? Qu’est-ce que notre humanité? Quelle est la nature des rapports que nous entretenons? Comment puis-je remettre l’étrange au centre alors que tout tend à l’étaler sur les bords? Comment raconter ce vide médian qui nous lie ? 

 

Les réponses que le théâtre donne sont multiples et permettent d’envisager notre société dans toute sa complexité. Nous y épluchons à l’envi le fameux oignon de Peer Gynt, observant toutes les couches qui nous constituent, tentant de définir notre condition à chaque lever de rideau. A travers le prisme des drames intimes, des détails à la loupe portés par les personnages, des fables, des images. Et le monde nous devient alors supportable, compréhensible, il est à portée.

 

C’est dans ce mouvement que j’ai envisagé nos recherches artistiques autour d’Alzheimer. D’abord en rencontrant des personnes atteintes de la maladie. En visionnant des reportages, des interviews. En lisant des témoignages. En les regardant, en tentant de découvrir dans leurs gestes, ou leur absence de geste, dans leurs paroles, ou leur absence de parole, l’endroit particulier où ils cheminent. Et en essayant de me glisser entre les lignes du texte offert par Renaud Borderie.

 

Puis tout a été rendu à l’acteur. Au corps de l’acteur. Il ne s’agit pas pour nous ici d’incarner mais de restituer. D’explorer des troubles, des élans, des failles, des irruptions. Dans un espace tri-frontal, qui permet la proximité, la porosité, l’échange des regards.

 

Je me suis souvenue de la puissante Zerline d’Hermann Broch, et de ces phrases qui ont finalement guidé la trajectoire de ma tentative sur le sujet:

 

« L’homme ne vaut pas cher, et sa mémoire est pleine de trous qu’il ne pourra plus jamais raccommoder. Il faut cependant faire bien des choses que l’on oublie à tout jamais, pour qu’elles servent de support au petit nombre de choses dont on se souvient toujours. L’oublié porte l’inoubliable dans ses mains vides, et nous sommes nous-mêmes portés par l’inoubliable. »

 

Il m’a semblé juste de suggérer, à travers différents types de situations, concrètes ou symboliques, parlées ou chorégraphiées, les rapports qui s’entretiennent avec des êtres qui ont perdu quelque chose, mais dont la présence demeure, forte et évocatrice. Ils ont perdu leur chemin, leur mémoire, leurs habitudes, leurs mots, mais ils sont là, juste à côté, sur leur petit chemin de traverse, comme le dit si bien Geneviève Demoures. Et cela nous trouble, nous déplace. Ils font partie de notre communauté, ces êtres qui ont changé et qui pourtant restent eux-mêmes. Et leur présence, leurs regards, leurs gestes racontent, souvent avec poésie, et nous livrent une part précieuse de notre passé, de ce que nous sommes.