Création 2006
Mise en scène et dramaturgie : Hélène ARNAUD
Composition musicale : Stéphane LEACH
- Transposé à partir des œuvres de Georges BIZET
Le scandale de Carmen, dès sa première représentation en 1875, n’était pas dû à quelque apologie de mœurs dissolues, incarnées après Mérimée, par l’héroïne de Bizet.
Certes, qu’elle fût une femme rompant avec les règles de son siècle tout emprunt de domination masculine, n’est pas indifférent à la passion que l’opéra déchaîna.
Mais la condition féminine de Carmen met seulement davantage en relief une attitude beaucoup plus choquante, beaucoup plus profonde, et pour cela inacceptable :
la rébellion.
Il ne s’agit pas d’une de ces petites révoltes, condamnables sans doute, mais accessibles au pardon, que les femmes de caractère peuvent manifester, par-ci, par-là, au royaume des machos.
Ce n’est pas de ces belles ruades qui finalement mettent en valeur la croupe. Non, la rébellion de Carmen est absolue, elle est sans calcul, elle se moque de ses conséquences ; la rébellion de Carmen est un danger.
Que menace-t-elle ? Le pouvoir des hommes ? Certainement pas. La conduite des femmes, par le mauvais exemple ? Elles sont les plus indignées.
Ce que Carmen met en péril, c’est l’ordre qui gouverne toute société, en tout cas en occident.
Cet ordre repose sur un impératif : choisir son camp.
Il faut être d’un côté ou de l’autre, du côté des puissants ou du côté des opprimés, avec les croyants ou parmi les athées, être respectueux de la loi ou l’enfreindre, conscient des risques, et, par conséquent, reconnaissant sa suprématie.
Carmen rejette ces alternatives qui, quelles que soient nos déterminations, nous maintiennent dans le fi let aux mailles fines du monde organisé. Carmen ne choisit pas son camp, car le camp choisi est invariablement le camp d’un autre – de tous ces autres qu’elle refuse de rejoindre.
Voilà pourquoi Carmen a traversé le temps. Ce n’est pas la femme volage, la grande amoureuse, la déroutante figure, et tout ce monde dramatique dont elle est le pivot, qui transperce des générations d’admirateurs, c’est le mythe qu’elle porte et réveille en nous.
Carmen, prisonnière de sa liberté, Carmen qui se détruit pour se construire, Carmen que l’amour de la vie précipite dans la mort.
L’éternelle étrangère, la nomade mystérieuse et passagère. Celle qui cherche à être soi-même. Carmen si infiniment proche, comme un astre, que chacun peut regarder de n’importe quel endroit de la terre.
Interprètes :
Rona HARTNER
Bruno PULLANO
Julien PÉRIGNON
Céline GIRARDEAU
Catherine VAN HECKE
Mamy ANDRIANARISOA
Chantal LAXENAIRE
Emmanuel CLARKE
Babette MOINIER
Fabrice DUCOUSSO
Arts du cirque :
Alexandre BLONDEL
Bertrand MAURY
Fabien CASSEAU
Scénographie :
Alain-Bernard BILLY
Conseiller arts martiaux :
Joël ROCHE
Musique :
Stéphane LEACH (piano & direction musicale)
Vasile DUMITRU (violon)
Florentin DUMITRU (accordéon)
Aneste PETRE (contrebasse)
Bernard SUBERT (clarinettes)
Olivier HESTIN (percussions)
Régie son :
Géry COUTRY
Construction décor :
Atelier du Moulin du Roc
Assistante décor :
Claire VIALON
Costumes :
Maryse GRIMAULT
Brigitte BAUDOUIN
Photographie :
Jérémy MURARO
Création lumière :
Stéphane CHAPON
Équipe technique de la Coupe d'Or de Rochefort
Régie plateau :
Adeline DUJARDIN
Tournée étrangère :
Linda ECALLE
Régie de résidence :
Fabrice DUCOUSSO
Cuisinier :
Clément NEMERY
Le Théâtre de l'Esquif
Conventionnée par la Région Poitou-Charentes
Co-production :
Soutiens :
Partenaires :
"L’Esquif, compagnie professionnelle de théâtre. Hein ?
Quelle est la vocation d’une telle structure,
en quoi est-il aujourd’hui nécessaire de créer du spectacle vivant ?
Le théâtre est un accès direct à l’Histoire. A notre Histoire.
Un témoin. Un gardien. Un passeur. L’expression de nos cultures.
La mise en lumière de nos questionnements, le lieu du débat et de l’éveil,
celui du rêve aussi. S’éveiller en plein rêve ?
Sortir de la caverne platonicienne et voir d’où viennent les ombres...
D’un espace vide, créer de l’espace libre.
Etre acteur.
Etre un corps qui pense. N’avoir de certitude que celle de la découverte.
Voyager.
L’acteur « au bord de », tel un personnage kleistien, qui se place entre songe et réalité,
entre lucidité et éblouissement, entre ciel et terre.
Parole et musique.
L’artiste n’est ni en dedans ni en dehors, il ne juge pas,
il tente de rester alerte coûte que coûte,
il se doit de témoigner, il fait sens.
Tout reste encore à faire.
On raconte que si l’homme s’est mis debout pour marcher,
c’est qu’il tentait d’aller voir derrière la montagne.
Pourquoi l’Esquif ?
Pour aller voir derrière la montagne.
Il y a sûrement quelque chose."
-Hélène ARNAUD